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Fred Forest - Retrospective
Art sociologique - Esthétique de la communication
Exposition Art génératif - Novembre 2000
Exposition Biennale 3000 - Sao Paulo - 2006

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Reflexions

> Annick Bureaud, Interview avec Fred Forest. réalisée le lundi 22 décembre 2008 à Paris

> Louis-José Lestocart : Entendre l’esthetique dans ses complexités

> Mario Costa
> Pierre Lévy et Philippe Breton
> Pierre Lévy - Séoul
> Pierre Restany/Fred Forest un compagnonnage de trente ans
> Pierre Lévy: Pour un modèle scientifique des communautés virtuelles (Ce texte est dedicacé à Fred Forest par Pierre Levy - Format PDF)
> " L'art contemporain est-il contemporain ? " Fred Forest, 2004

VINGT TROIS TEXTES DE PIERRE RESTANY SUR FRED FOREST
1. 1974- UN VIDEO RITRATTO ALL'ASTA PAR PIERRE RESTANY

2. 1974- RESTANY DÎNE A LA COUPOLE
VIDEO PORTRAIT D'UN CRITIQUE D'ART par Pierre Restany
 

3. 1974- ART ET COMMUNICATION PAR PIERRE RESTANY

4. 1975- ART SOCIOLOGIQUE ET LE COLLECTIF d'ART SOCIOLOGIQUE PAR PIERRE RESTANY

5. 1975-LA PRESENCE DE L'ABSENCE PAR PIERRE RESTANY

6. 1975- UNE CAMPAGNE PROPHYLACTIQUE A TROIS PAR PIERRE RESTANY
7. 1977- PARIGI : SEIMILACINQUECENTO FRANCHI PER UN READY-MADE COLLECTF INVOLONTAIRE PAR PIERRE RESTANY
8. 1978- BIENNALE DE VENISE PIERRE RESTANY COMMISSAIRE
9. 1977- CERTIFICAT D'AUTHENTICITE DELIVRE PAR PIERRE RESTANY
10. 1978- DU M2 ARTISTIQUE AU TERRITOIRE PAR PIERRE RESTANY
11. 1980- FRED FOREST, AVENTURIER, POETE, ARTISTE DE LA SOCIO VIDEO PAR PIERRE RESTANY
12. 1982- BOURSE DE L'IMAGINAIRE ESSENCE DU MONDE PAR PIERRE RESTANY
13.1983- LA CONFERENCE DE BABEL
14. 1991- LA BIBLE ELECTRONIQUE, LA BIBLE DES TEMPS MODERNES PAR PIERRE RESTANY
15. 1991- PROCLAMATION SUR LA TELEVISION UTOPIQUE DE FRED FOREST PAR PIERRE RESTANY
16. 1995- DE YVES KLEIN A… FRED FOREST. LE CHANT DU MONDE, OU (ET) LE CHAMP DU MONDE ! PAR PIERRE RESTANY
17. 1995- DE L'ART SOCIOLOGIQUE A L'ESTHETIQUE DE LA COMMUNICATION, UN HUMANISME DE MASSE PAR PIERRE RESTANY
18. 1997- UN PHENOMENE AIGU DE CONSCIENCE PAR PIERRE RESTANY
19. 1999-CERTIFICAT D'AUTHENTICITE DE PIERRE RESTANY
20. 1999- CORRESPONDANCE DE PIERRE RESTANY A FRED FOREST
21. 1999- LE CENTRE DU MONDE DE FRED FOREST PAR PIERRE RESTANY

22. 2000- LE GRAND NAIF DE L'INTERNET PAR PIERRE RESTANY

23. 2002/2003- LES DERNIERS E-MAILS

 

4.

1974- ART ET COMMUNICATION PAR PIERRE RESTANY

Coloquio Artes 2ème série/16° ano 1974

Le travail de Fred Forest est exemplaire. Exemplaire parce qu’il est expérimental mais aussi profondément humain. Il préfigure le plein emploi (et le plein usage) de la fonction sociale de l’art. Toutes ses actions sont des animations, c’est-à-dire des opérations de catalyse tendant à libérer les réflexes et les pulsions spontanées de l’auto-expressivité individuelle.

Notre civilisation occidentale est basée sur une structure répressive de l’information, ce n’est un secret pour personne :, mais il est plus facile de philosopher sur l’information que de nettoyer les écuries d’Augias. Les mass media à travers le raffinement de leur organisation et leur extension proliférante ont accentué la passivité du public vis-à-vis de l’information : passivité dans la réception du message, conformisme inhibant (prétexte à toutes les paresses mentales) lorsqu’il s’agit de l’émission du message.

" L’animateur " qu’est Fred Forest cherche précisément à inverser la vapeur dans un domaine où l’anarchie des moyens rencontre la plus redoutable inertie des fins. La technologie des mass media nous offre des possibilités d’action extrêmement flexibles. Encore faut-il les structurer, les organiser, trouver la formule la mieux adaptée au but à atteindre.

Les formules que Forest présente au public sont d’inspiration ludique. Voulez-Vous jouer ? Non pas avec moi, pour moi - mais avec vous-mêmes, pour vous-mêmes : " C’sont vous-mêmes tels que vous êtes qui nous intéresse, vous avez votre part de rêve, votre part de réalité, d’émotion et de rire, de souvenirs et de projets, de sérieux et de gaieté, de solitude et de vie en commun ".

C’est de la synthèse entre l’investigation sociologique et l’esprit ludique qu’est né le concept cher à Forest de space-media : l’espace de disponibilité expressive au sein d’une structure d’information. Le 12 janvier 1972 Forest achète 150 cm2 d’un grand quotidien parisien du soir Le Monde. Le carré blanc paraît dans la page des arts accompagnée d’une légende qui incite les lecteurs à utiliser l’espace libre à leur gré. Des centaines et des centaines de réponses afflueront : il serait intéressant de les classer, de les décoder, de les analyser. C’est le sujet de tout un livre, d’une véritable thèse. Si nous voulons demeurer au plan quantitatif, disons que cette animation space-media a été un succès dans la mesure où elle a débloqué le réflexe fétichiste du lecteur par rapport à son propre journal. On écrit à l’éditeur pour approuver ou pour protester : la motivation n’est jamais gratuite. Au contraire de l’espace blanc dans le journal, c’est le feu vert donné à l’imagination, consciente ou sub-consciente : libre au lecteur d’en user ou d’en abuser. Le même propos repris au niveau de la radio, de la télévision ou d’un quotidien (La Tribune de Lausanne ) a produit les mêmes effets : sublata causa suffertur effectus.

Les opérations " Vidéo et Troisième âge ", " Flash-film Interventions " tendent à donner à une collectivité ou à un groupe d’individus les moyens visuels ou audiovisuels de s’exprimer ensemble, à travers la réalisation d’un film ou d’une vidéocassette.

Au-delà de l’animateur apparaît l’expérimentateur : ce matériel d’auto-expressivité devient objet culturel, objet d’étude sociologique. Lorsqu’en mai 1973, grâce à un circuit de télévision fermé en direct, Forest a fait passer la rue Guénégaud dans la galerie Germain, le sujet de cette exposition parisienne était en fait la révélation physique et temporelle de l’objet-rue Guénégaud. L’objet-rue ainsi capté par l’objectif de la caméra atteint à une réalité seconde, à une sur-objectivation pour ainsi dire. Tout se passe comme si Forest s’était lancé dans une vaste entreprise de récupération culturelle : récupération d’un immense capital virtuel d’expression spontanée à tous les niveaux de la vie quotidienne. Et c’est sans doute ce capital culturel qui est destiné à demeurer, une fois que toutes les cultures auront été oubliées, ces cultures qui sont tout aussi mortelles que les civilisations qui les soutiennent. L’information ainsi recueillie apparaît comme le témoignage d’un degré zéro de la Culture avec un grand C, c’est-à-dire d’une culture planétaire réduite à la quintessence des motivations humaines spontanées et élémentaires.

Avec une remarquable obstination, après avoir surmonté l’épreuve psychologique de l’exil et de la réaclimatation à deux niveaux différents d’un même milieu culturel hégémonique, Fred Forest tire le bilan de sa propre expérience et nous propose un retour aux sources, aux sources de notre humanité profonde. De cette plage déserte (encore mais pour combien de temps ?) de Calabre où j’écris ces lignes, la démarche de l’ami Fred m’apparaît dans sa lumineuse clarté, elle contient la part la plus authentique de ce qui constitue l’espoir du monde : la communication à l’état pur entre les individus perceptifs.

Pierre Restany 1974

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